CARNET DE VOYAGE d'après "Voyage à motocyclette" d'Ernesto Che Guevara
Titre original Diarios de motocicleta : Notas de viaje por América latina
Traduit de l'espagnol par Martine Thomas
©ÉDITIONS, MILLE ET UNE NUITS - FAYARD 2001
Adaptation, mise en scène et scénographie Emile Azzi
Avec Emile Azzi
Du 23 mars au 2 avril 2023
Jeudi 23 mars à 19h
Vendredi 24 mars à 19h
Samedi 25 mars à 14h30 et 19h
Dimanche 26 mars à 14h30
Jeudi 30 mars à 19h
Vendredi 31 mars à 19h
Samedi 1 avril à 14h30 et 19h
Dimanche 2 à 14h30
Au Théâtre de l'Epée de bois, Cartoucherie, Paris
« Ce qui suit n’est pas le récit d’exploits fabuleux, ni, à proprement parler, un récit sur le mode cynique. En tout cas, tel n’est pas le propos. C’est un fragment de nos vies parallèles, au temps où nous parcourions ensemble un même bout de chemin, dans une communauté d’aspirations et de rêves »
Synopsis :
Le 29 décembre 1951, deux jeunes argentins entreprennent un voyage à travers l’Amerique latine sur une vieille Norton 500 « La Poderosa II ». Ernesto Guevara est un jeune étudiant en médecine de 23 ans, spécialisé en léprologie. Alberto est un biochimiste de 29 ans. Sur leur chemin, ils pénètrent les racines d’un passé invisible mais encore habité et rencontrent des êtres simples et bouleversants. La confrontation avec la réalité sociale et politique des pays visités et les rencontres qu’ils vont faire les amènent à prendre conscience de la réalité du monde et la misère dans laquelle vivent les populations. Cette expérience éveillera de nouvelles vocations...
Note d'intention : Ce « Carnet » est celui d’un voyage qui va bouleverser le destin d’une âme qui marquera son siècle. Mais l’auteur, Ernesto Guevara, n’est encore à ce moment qu’un jeune homme de 23 ans à l’aube de sa propre vie, en quête de sens et à la recherche de lui-même. Un jeune homme asthmatique, étudiant en médecine, joueur de rugby, aimant la poésie et la vie. Dans son « Journal », Ernesto se livre avec intimité et subjectivité. Il nous dévoile ses émotions et son ressenti et il nous décrit son périple à travers une Amérique du Sud mystérieuse, envoûtante et humaine mais aussi oubliée et souffrante. Il est accompagné de son ami Alberto Granado. Ce voyage initiatique, sera celui de deux rencontres : la rencontre avec la Nature « La Pachamama », « la Terre-Mère » et la rencontre avec un « Peuple » et son histoire. Au carrefour de ces rencontres et de cette immersion à travers des paysages extrêmes, ses pensées vont évoluer. Il y a une prise de conscience. Le jeune Ernesto deviendra un homme nouveau : « Le personnage qui a écrit ses notes est mort en foulant à nouveau le sol argentin, celui qui les met en ordre et les polit, ce « moi » n’est pas lui. Du moins il ne s’agit pas du même « moi » intérieur. Cette errance sans but à travers notre « Amérique Majuscule » m’a changé davantage que je ne le croyais ». Ce qui m’intéresse et me touche dans ce « Carnet », c’est l’universalité qui émane de cette œuvre. Il s’agit de vivre ce voyage avec cet homme, à cette période de sa vie. « Voyage à Motocyclette » est une expérience, une traversée qui change tout homme. D’une beauté poétique fulgurante, l’écriture est à la fois concrète et d’un réalisme au plus près de l’action et du ressenti émotionnel. Comme le dit l’auteur lui-même, il ne s’agit pas d’un récit mais « de fragments de vies parallèles ou entrecroisées ». Les mots respirent la vie et transpirent cette expérience du terrain, « l’expérience vécue ». L’œuvre se compose d’une narration, de paysages extraordinaires, de sentiments intimes, de rencontres, de bouillonnements d’êtres et de destins et de prise de conscience. « Voyage à Motocyclette » nous fait pénétrer au cœur du continent Sud-Américain, dans le grand théâtre du monde. Universelle et intemporelle, l’œuvre s’inscrit à la fois dans le présent mais aussi dans le passé, celui des cités perdues, des civilisations oubliées, celui des peuples disparus qui aujourd’hui errent sur les routes, du peuple chassé et humilié : celui des indiens d’Amérique, d’un âge d’or, d’un monde aujourd’hui mort et elle nous renvoie ainsi à notre propre histoire : Comment comprendre le présent si tu ne connais pas ton passé ? Un peuple peut-il continuer d’exister sans ses racines ? L’œuvre est subjective, nostalgique et mélancolique mais aussi portée vers l'avenir. Elle est une vision des enjeux et des conflits de demain et avec lucidité, l'auteur nous catapulte dans ce que sera l'Amérique du Sud : les grands bouleversements politiques (dictatures, conflits), économiques (injustices, exploitations), sociaux (inégalités, fractures), culturels (pertes d’identité et disparition de certaines communautés autochtones) et écologiques (exploitations des richesses naturelles, déforestations, pollution, extinctions de certaines espèces, sécheresse, etc.). J’ai voulu porter cette « vie » et « faire ressentir cet élan », « ce bouillonnement d’êtres » sur la scène. Il s’agit de faire vivre au spectateur « l’expérience » de ce voyage, de faire exister ces rencontres et de faire ressentir les éléments physiques et naturels que les personnages vont traverser : donner à ressentir les conséquences des bouleversements, le poids du passé et le vide d’aujourd’hui pour arriver à plonger véritablement au cœur des destinées et de se laisser pénétrer par « l’Esprit » de cette Amérique en pleine mutation. La Nature est ici au cœur du voyage, elle jouera un rôle essentiel et va directement agir sur les personnages. Il s’agit aussi d’entraîner le spectateur au cœur d’un destin, à l’intérieur d’une âme pour donner au spectateur l’expérience que vivra l’auteur : Celle de l’universalisme et de l’humanisme et cet invisible mouvement qui va faire d’un « homme ordinaire », un « combattant révolutionnaire ». A fleur de peau, toujours à la limite, extrême, sur le fil sensible de la vie ce « Carnet » est au cœur d’une actualité sensible et explosive. Ce texte ouvre sur toutes les déchirures actuelles : Frontières, immigration, capitalisme, mondialisation, exploitation des richesses naturelles, misère, choc des cultures et des civilisations tout en nous donnant le recul essentiel, le froid sublime de ne pas être sous le flux de l'information et de la communication stérile d’un système. Mais surtout ce « Carnet de Voyage » est un message d'amour, un cri de liberté, un appel à l'humanité, à l'idéalisme, au rêve de fraternité, cet idéal de jeunesse éternel, d'inconscience, de naïveté, de sagesse, d'un homme nouveau, d'un monde meilleur. Une quête pour un message d‘union, mais aussi de singularité, un voyage dans le présent mais aussi dans le temps à la rencontre de l'histoire, des racines de chaque peuple, loin de la mondialisation et du capitalisme, loin de la société de consommation. C’est la vision utopique d’un monde de partage véritable. Il était essentiel de ne pas anticiper les événements et de préserver la naïveté et l'inconscience de ce Carnet pour nous amener a percevoir l’évolution d'une âme, d'un être, à travers les événements qu’il traversera jusqu’à cette invisible prise de conscience au fur et à mesure des rencontres, sur le fil, et qui va faire naître un homme nouveau... Le tournant dans le destin d'une vie.
« C’est là, dans les derniers moments de ces gens dont l’horizon le plus lointain a toujours été limité au lendemain, que l’on se rend compte de la profonde tragédie vécue par le prolétariat du monde entier. Il y a, dans leurs yeux moribonds, d’humbles excuses et aussi, bien souvent, une quête désespérée de réconfort qui se perd dans le néant, tout comme bientôt se perdra leur corps dans l’immensité du mystère qui nous entoure; jusqu’à quand durera cet ordre des choses fondé sur un absurde esprit de caste, il n’est pas en mon pouvoir d’y répondre. Mais l’heure a sonné pour les gouvernements de consacrer moins de temps à faire l’éloge des bienfaits de leur régime, et plus d’argent, beaucoup plus d’argent, à financier des œuvres d’utilité sociale »
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